AIR(E) DE RETARD / Alain Bernardini

Exposition à la base d'Appui du 13 novembre au 18 décembre 2010

le Projet / l’œuvre

Un homme au premier plan, costume et cravate, les mains dans les poches, regarde au lointain. Un deuxième homme le fixe. Il porte un panneau autoroutier où est inscrit AIR(E) DE RETARD. En bordure d’une voie express, les deux hommes par leur position respective dans le paysage ouvrent un espace lieu et temps que l’artiste dénomme AIR(E) DE RETARD.

Cette image s’inscrit dans le projet d’Alain Bernardini et résulte d’une résidence, commande d’Entre-deux à l’artiste. Le prétexte en est l’hypermobilité des salariés entre leur domicile et leur lieu de travail dans le bassin industriel de l’estuaire de la Loire. Alain Bernardini est le troisième artiste invité après Anne Frémy qui réalise SPECIO en 2009 et Chimène Denneulin COMMUTER en 2008.

Alain Bernardini a créé un espace qui n’existait pas : une aire de retard mobile. Il suffit de choisir un emplacement et de le nommer grâce à un marquage visuel. Les automobilistes sont invités à y prendre du retard sur le temps de leur trajet domicile/lieu de travail en toute conscience et tranquillité relative. Cette proposition arrive dans un contexte tendu où les employeurs sont dans une pression par rapport à la question de la ponctualité au travail. Ici l’automobiliste qui se rend au travail résiste à un système établi et culpabilisant qui le fond dans une identité sociale. Quelques automobilistes sollicités par l’artiste ont pris de l’avance afin de s’accorder une air(e) de retard pour une rencontre avec l’artiste. Pendant cet espace temps, Alain Bernardini a proposé films à visionner, discussions, etc. et il a signé des certificats de retard aux participants.

L’Exposition à la base d’Appui

La restitution de cette expérience s’est déroulée à la base d’Appui, galerie d’Entre-deux à Nantes. Aires de retard au sein dequels certains automobilistes ont accepté de poser, espaces indéterminés qui suggèrent un arrêt où garer sa voiture, bureaux désertés, composent l’ensemble des photographies réalisés par l’artiste dans le cadre de cette résidence.

Notice biographique de l’artiste

Cette proposition d’Alain Bernardini offre une continuité à sa réflexion engagée sur le temps de pause et pose du salarié sur son lieu de travail. « Qu’elles soient sous forme de photographies, vidéos ou installations, les images d’Alain Bernardini bousculent les représentations sociales du travail. Employés municipaux, salariés d’entreprises privées ou commerçants jouent, pour l’artiste, des situations d’inactivité ou d’activités insolites qui élaborent des représentations très éloignées des comédies actuelles liées à l’esprit d’entreprise ». Ici, Alain Bernardini invente un espace en dehors de l’entreprise où le salarié maintient une identité individuelle à travers un acte de résistance.

Invité à la biennale de Rennes en 2008, il réalise Qui sort de son lit pour aller couler ailleurs dans le cadre d’une résidence en entreprise. En 2008 et 2009, il photographie le personnel de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif dans le cadre d’une commande de l’action Nouveaux commanditaires pour réaliser un monument d’images. Cette œuvre dont la forme finale ne sera pas réalisée verra son histoire documentée dans une publication en 2010 : Alain Bernardini,  Monument d’images, Valence, Captures éditions et Paris, 3-CA, 2009, 172 p.

COMMISSARIAT / MÉDIATION

Marie-Laure Viale et Jacques Rivet