L’échiqueté / Olive Martin, Patrick Bernier

Patrick Bernier et Olive Martin poursuivent leur intérêt pour les porteurs d'identités mouvantes et paradoxales, tributaires d'origines et de contextes conflictuels, en constante négociation et redéfinition. Ils interrogent et s'identifient ici à une nouvelle figure, issue du panthéon familial, celle d'un administrateur des colonies originaire de Guadeloupe en poste en Afrique de 1935 à 1962.

contexte du projet

Le développement de ce projet s’est réalisé dans le cadre d’une invitation d’Entre-deux. Cette invitation s’est appuyée sur un dispositif propre à Entre-deux avec la réalisation d’une exposition à la base d’Appui, espace galerie/bureau/documentation, et des événements dans les lieux publics non réservés à l’art, en inter-relations avec le lieu et la temporalité de l’exposition.
Depuis 1996, Entre-deux invite des artistes à réaliser des projets qui questionnent la notion d’espace public et la place et rôle du spectateur à partir de territoires et de préoccupations culturelles et politiques qui lui sont attachées.

le projet / l’œuvre

Patrick Bernier et Olive Martin poursuivent leur intérêt pour les porteurs d’identités mouvantes et paradoxales, tributaires d’origines et de contextes conflictuels, en constante négociation et redéfinition. Après l’homme surveillé et surveillant (Manmuswak, 2005), après les Mohawks pionniers de l’Internet (La Nouvelle Kahnawake, 2010), ils interrogent et s’identifient à une nouvelle figure, issue du panthéon familial, celle d’un administrateur des colonies originaire de Guadeloupe en poste en Afrique de 1935 à 1962.

Échiqueté désigne dans le vocabulaire héraldique un motif à carreaux de deux couleurs alternées comme ceux d’un échiquier. Les artistes en ont étendu le sens.
Ces éléments sont partagés en deux ensembles indépendants et complémentaires, L’échiqueté et le déparleur.

l’exposition à la base d’Appui / développement dans l’espace public

L’exposition présentait plusieurs objets : une tenture, deux photographies, trois jeux d’Échiqueté, composés d’un tapis tissé et de pièces noires et blanches à métisser. Ces objets en relation les uns avec les autres, documentaient le projet de l’Échiqueté tout en se présentant comme pièces autonomes. Les artistes ont pensé l’installation et ont exploité la configuration du lieu et son architecture modulable. Des tables à jouer ont reçu les spectateurs/joueurs pendant la durée de l’exposition.

Le Déparleur, sculpture – métier à tisser, a stationné en plusieurs endroits dans le quartier Madeleine-Champ de Mars à Nantes pendant la durée de l’exposition. Les artistes tissaient sur place, le dialogue s’est instauré avec les passants à travers cet objet, ici de type ouest africain, bien connu dans l’histoire culturelle de nombreux pays.

notice biographique des artistes

Depuis la fin des années 1990, Patrick Bernier et Olive Martin poursuivent en parallèle projets personnels et projets co-signés. Pour rendre compte de projets immatériels, Patrick Bernier a développé depuis 2003 avec le conteur Carlos Ouédraogo une pratique du récit oral. Olive Martin questionne quant à elle les notions d’identité et poursuit l’idée d’une « singularité quelconque » dans ses photographies, films et vidéos.
Leur pratique commune est marquée par l’investissement de domaines perçus comme réservés à des spécialistes. Dans leur performance X. c./ Préfet de … ; Plaidoirie pour une jurisprudence (performance, 2007) conçue et réalisée avec Sébastien Canevet et Sylvia Preuss-Laussinotte, tous deux avocats, ils s’appuyaient sur le droit d’auteur pour casser une décision de reconduite à la frontière. La relation entre territoire géographique réel et territoire virtuel généré par les nouvelles technologies de l’information était déterminante dans le contenu et dans la forme de leur film La Nouvelle Kahnawake (42 mn, 2010). Sur ces terrains très codés, ils s’attachent à « repérer des manières de penser, de dire et de faire, propres à interroger, croiser, bousculer notre propre habitus.»