quatrième nuit des Reconfigurants / Olive Martin, Patrick Bernier

© Tim Fox
© Tim Fox
© Tim Fox
©Tim Fox

Interdit d’interdire, reconfigurons !

Insula
47 rue de la tour d’Auvergne, Nantes
19h-2h
vendredi 30 mars
5€
Musiques
Anouk Mathieu
Les Vzach’todontes & friends
Franny Calavera
AZGAR
Echange
Vlipp
Rencontres
Jets d’encres
Animafac
Atelier

Le contexte

L’ECV Atlantique est un établissement d’enseignement supérieur privé.
Quelques données sur l’établissement :
Ouverte en 2001, l’école de Communication Visuelle ECV Atlantique vient de fêter ses 11 ans d’existence au cœur de la cité nantaise.
L’école fait partie d’un groupe de cinq écoles implantées à Paris en 1984, Bordeaux en 1991, Aix en Provence en 1998 et Lille en 2011.
L’ensemble des écoles ECV ont été fondées par Patrick Hermand. Il s’agit d’établissements d’enseignement supérieur privés, sous la tutelle des Ministères de l’Éducation nationale et de la Culture et de la Communication. La formation se déroule en cinq années et prépare au diplôme de Concepteur Créateur en Communication Visuelle, titre inscrit au RNCP, Répertoire National des Certifications Professionnelles. Inscrite à l’échelle internationale, l’école fait partie de trois dispositifs : Erasmus, Campusfrance et Cumulus. À Nantes, l’école est dirigée par Catherine Loget, illustratrice de métier, formée à l’école des Beaux-arts d’Angers. En 2012-2013, l’ECV Atlantique compte 167 étudiant(e)s, 49 professionnels interviennent comme enseignants.

Le contexte de la commande

Un évènement à la rentrée scolaire de 2010 a amené l’idée du projet. Une séance de bizutage des premières années a été filmée et postée sur Youtube. L’association « Contre le Bizutage » (ACB), suite à ces images, a envoyé une lettre au Recteur de l’Académie et à la directrice de l’ECV Atlantique dénonçant les faits et demandant une enquête pour des sanctions. Depuis, le bizutage à l’ECV est interdit.
Ces évènements ont été vécus très différemment par les étudiants et l’administration. Pour certains étudiants, le bizutage est une manière de se rencontrer et ce n’est pas bien méchant. D’autres éprouvent le sentiment d’être obligés d’y participer pour ne pas être exclus du groupe. Pour d’autres encore, il s’agit d’un rituel, comme une chaine sans fin. Certains apprécient cet événement et regrettent son interdiction. D’autres y participent mais redoutent ce moment, en particulier les actions dans l’espace public.
Tous insistent sur l’importance d’un moment de rencontre, d’accueil des étudiantes et étudiants de première année.
Ils pensent que la question du bizutage les concerne en premier lieu et souhaitent engager une réflexion sans regard moralisateur. Les étudiants veulent agir et proposer une nouvelle forme d’accueil. Dans ce cadre, ils expriment le vœu d’être accompagnés par un artiste à travers une commande artistique. Les étudiants pensent qu’un artiste pourra les surprendre et offrir un nouveau regard sur la question.

Les commanditaires

Marion LIHOREAU (M1), Gwendoline ROUSSEAU (M1), Marion FERON (M1), Guillaume LEFÈVRE (M1), Karim MANAï, Antoine BAILLARGEAU (L3), Julien DIQUELOU (L3), Anthony PINNA (L3), Cyrielle DECLAREY (L3), Clarence GRUÉ (L3), Priscille BINACHON (L3), Maha EL AOUFIR (L3), Benjamin NGHE (M1), Alix LEROY (M1) Sophie NORTHAM (Graphiste indépendante, enseignante en édition), Xavier ROBION (enseignant en Nouveaux médias print – marketing), Catherine LOGET (Illustratrice, directrice de l’école)

La commande

Les étudiants ont exprimé l’idée d’un projet autour de la création d’un moment particulier, un passage symbolique qui marquera l’arrivée des nouveaux étudiants dans l’école. Ils imaginent une forme éphémère, ponctuelle, qui pourra être répétée chaque année par une interprétation renouvelée à partir d’une règle du jeu et peut-être la création d’objet(s) qui symboliseront le « passage de témoin ».
Cette forme à inventer pourra à la fois être activée et interprétée dans l’école par les étudiants ; elle pourra également être diffusée dans le milieu étudiant afin de faire connaître ce projet, le contexte de cette commande artistique et propager ce nouveau rituel.
La forme de l’œuvre se matérialisera quand les étudiants l’activeront à la période de la rentrée scolaire dans un moment propice et choisi par eux. En dehors de cette période d’interprétation du protocole, l’œuvre aura un rôle de document et d’information.
Pour ce projet, les commanditaires de l’ECV ont validé la proposition des médiateurs avec le choix du duo d’artistes Patrick Bernier et Olive Martin.

Patrick Bernier et Olive Martin

Patrick Bernier et Olive Martin investissent des domaines qui peuvent être perçus comme réservés à des spécialistes à l’instar du droit, des web technologies ou du jeu d’échecs. Sur ces terrains très codés, ils s’attachent à « repérer des manières de penser, de dire et de faire, propres à interroger, croiser, bousculer notre propre habitus.» (Patrick Bernier)

À partir de la fin des années 1990, Les recherches personnelles contribuent largement à nourrir leur projet collectif, et vice-versa. Ainsi, les formes de récit
oral développées par Patrick Bernier avec le conteur Carlos Ouédraogo pour interroger les sens multiples de la notion d’hébergement, et rendre compte de projets immatériels (Quelques K de mémoire vive, 2003-2009), participent aux partis pris métaphoriques et formels de leur film La Nouvelle Kahnawaké, réalisé en 2010 entre Nantes, Montréal et San Francisco. Dans ce film, la relation entre territoire à appréhender physiquement et territoire généré par les nouvelles technologies de l’information est à nouveau décisive. Il cristallise leur intérêt pour les nouveaux média, les questions d’identité et de territoire.

X. et Y. c./ Préfet de… Plaidoirie pour une jurisprudence (2007-2012) est une performance pour deux avocats, respectivement spécialisés en droit public des étrangers et en droit civil de la propriété intellectuelle. Sébastien Canevet et Sylvia Preuss-Laussinotte plaident en faveur du co-auteur d’une oeuvre immatérielle dont la réalisation est en cours, et s’appuient sur le droit d’auteur pour casser une décision de reconduite à la frontière. À l’issue de l’exposé oral, les auditeurs sont invités à réagir et peuvent ainsi contribuer au perfectionnement de la défense, tout en poursuivant une réflexion sur l’état de la justice (performance présentée à de nombreuses reprises). Les archives de ce projet ont été acquises en 2011 par le Frac Alsace.

LʼÉchiqueté entend réitérer cette approche oblique comme outil de distanciation. Le jeu d’échecs et particulièrement les échecs féériques offrent un nouveau prisme pour interroger la situation paradoxale
des métisses dans l’histoire coloniale, en regard de la situation ambiguë de l’artiste, politiquement engagé dans le champ à la fois étatique et capitaliste de l’art contemporain, et par conséquent « échiqueté ».

Le Déparleur, métier à tisser transportable, inspiré du modèle des métiers traditionnels de type Ouest africain, sert à produire la couverture et les échiquiers de L’Échiqueté. Cette sculpture, qui engendre de nouvelles oeuvres, peut être activée dans l’espace conventionnel de l’exposition ou dans l’espace public. Le développement de ce projet s’est réalisé dans le cadre d’une invitation d’Entre-deux, structure professionnelle engagée dans l’art public contemporain.
Patrick Bernier et Olive Martin ont pu bénéficier de nombreuses résidences sur le territoire international et mettre en application leur relation au flux et la transmission. Engagés dans la vie citoyenne et culturelle de la ville qui leur sert de base, ils ont initié les séances « Contrechamp », en 2004, réflexion su la définition de l’art cinématographique, ses auteurs et son exposition.
(Extrait d’un texte de présentation des artistes par Edwige Fontaine et Isabelle Tellier, Room service AAC)

Le projet

Cessons de considérer les nouveaux élèves comme des individus qu’il faut dépouiller de leur identité propre pour les intégrer à l’existant. Souhaitons au contraire que leur « étrangeté » vienne nourrir, modifier et rendre dynamique l’identité de l’école.

Les Reconfigurants s’articulent en trois temps :

  • le Dénouement, en début d’année
  • les Assemblées de tramage, pendant l’année
  • la Nuit des Reconfigurants, en fin d’année

Durant les Assemblées de tramage qui réunissent les volontaires autour de l’organisation des deux autres évènements est tissé un enregistrement perlé des discussions, la Trame. Celle-ci s’inspire des wampums amérindiens, ceintures de perles tissées et échangées notamment lors de rencontres diplomatiques et dont les motifs graphiques codent les ententes conclues.

C’est cette Trame, témoin des échanges des Reconfigurants durant l’année, qui est dénouée à la rentrée suivante en guise d’accueil des nouveaux étudiants à qui il sera donné de la tisser à leur tour.

Vous pouvez consulter le site internet dédié à ce projet