La Doublure : une sculpture monumentale à Trélazé (Maine-et-Loire) / Raphaël Zarka

©Thomas Raynaud architectes
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Maquette réalisée par Thomas Raynaud architectes
© Thomas Raynaud architectes
Source : archives départementales du Maine et Loire

Quelques images du projet. Également une image de la manufacture des allumettes provenant des archives départementales du Maine-et-Loire

Le contexte

Le site, que les habitants de Trélazé appellent communément « La Manu » ou « Les Allumettes », renferme les anciens bâtiments d’une usine de fabrication d’allumettes dont la construction a débuté en 1926. En plus des ateliers de fabrication appelés « halles », des éléments caractéristiques du patrimoine industriel ont été conservés : une structure en béton, support d’un château d’eau disparu, une cheminée en briques en grande partie déconstruite, deux bow-strings de liaison entre certaines halles, des lanterneaux de ventilation sur la toiture des ateliers. Les halles vont être reconverties en logements tout en préservant leur architecture remarquable, aussi bien extérieure qu’intérieure.

Sensibles à la valeur symbolique de ce patrimoine industriel rare, un certain nombre d’habitants se sont mobilisés pour le sauvegarder. Ils souhaitent également rendre accessible à tous l’histoire de cette ancienne usine et le savoir-faire de ses ouvriers en exposant des archives dans une salle de mémoire qui sera située dans une des halles conservées. Cette salle servira aussi de lieu de convivialité pour les futurs habitants en leur permettant de s’y rencontrer pour y pratiquer des activités ou à l’occasion d’évènements liés à la vie du quartier ou de la ville.

Ce sont ces souhaits qui ont poussé ces habitants à se regrouper pour proposer un projet de commande visant à la mise en valeur de tout ou partie de ces points de repère existants ou à venir.

La commande

Le projet culturel et artistique pourra inviter à un parcours à travers le site des Allumettes. Ce parcours pourra reposer sur trois lieux :

  • la cheminée tronquée qu’il conviendra de rehausser et de réinterpréter pour en refaire,  notamment, un point de repère de Trélazé et des communes riveraines, Ponts de Cé et Angers
  • le socle de l’ancien château d’eau, étonnante structure en forme d’arches de béton, pourra servir de support à une intervention artistique.
  • la salle de mémoire et son installation industrielle des aiguillages qui pourra accueillir des panneaux d’information sur le lieu, que l’on retrouvera aussi sur l’ensemble du site.

Raphaël Zarka

Sur proposition de Marie-Laure Viale et Jacques Rivet (Entre-deux), les commanditaires ont retenu Raphaël Zarka pour cette commande. Ils ont été sensibles au fort intérêt de l’artiste pour le patrimoine industriel comme à la façon dont il a su intégrer la pratique du skate-board dans son travail. Cette commande se veut en effet un rappel du passé, de la mise en avant de l’intelligence collective nécessaire à la transformation de grumes de peuplier en boites d’allumettes, mais doit être également ouverte sur l’avenir d’un site qui va comporter plus de 300 logements.

La doublure

Le projet La Doublure, dont le montage budgétaire est en bonne voie, est une proposition artistique de Raphaël Zarka en réponse aux commanditaires de l’ancienne manufacture des allumettes de Trélazé. L’usine bénéficie aujourd’hui d’une réhabilitation d’envergure tout en préservant les éléments patrimoniaux les plus forts. Parmi eux, les vestiges d’une des trois cheminées, dont la faible hauteur ne marque plus la présence du lieu.
Raphaël Zarka revient sur cet élément architectural et propose un espace sculpté qui réunit deux cheminées. La première, tronquée, ruine patrimoniale de l’industrie allumettière de Trélazé et une nouvelle cheminée, sculpture de 24 mètres de hauteur dont la base s’offre comme une chambre ouverte par quatre portes et livre la surprise d’un vertigineux assemblage de briques en spirale qui débouche en trouée sur le ciel. Les éléments verticaux sont reliés par deux plateformes en béton : un sol et un toit, qui délimitent cet espace sculpté ouvert aux promeneurs. Simplifiés, les volumes en béton et en briques proposés par l’artiste s’inscrivent parfaitement dans la rigueur architecturale de la manufacture et ménagent aux curieux une expérience esthétique unique qui est révélée à l’abri de la nouvelle cheminée. Ce monument intérieur renoue avec les techniques de montage des cheminées Tudor qui ont déjà servies de références au travail sculptural de l’artiste – Le Cénotaphe d’Archimède, 2011.
La proposition de Raphaël Zarka participe de la mémoire du site à travers la préservation patrimonial de l’élément visuel le plus signi ficatif de son histoire mais accompagne également ce nouveau quartier dans son futur avec la création d’une oeuvre d’art, préfiguration d’un véritable lieu public.