Commuter / Chimène Denneulin

du 4 au 29 mars 2008

contexte de la commande

Cette exposition fait état d’une commande d’Entre-deux à Chimène Denneulin, artiste qui utilise l’image photographique. Le contexte de la commande est l’hypermobilité de nombreux salariés circulant entre Nantes et Saint-Nazaire avec, en arrière plan, le bassin industriel du territoire de l’estuaire.

le projet

Commuter, le titre du projet est lié au commuting anglo-saxon désignant le déplacement des personnes entre leur lieu de résidence et leur(s) lieu(x) de travail.
Les photographies présentées ici résultent du projet mené par Chimène Denneulin et montrent, en grande partie, des portraits de voitures. Entre les images s’intercalent texte descriptif d’un lieu de travail et bribes de phrases, ouvrant des récits pour le spectateur. La prise de vue frontale à hauteur d’enfant des photographies dégage les volumes des véhicules, les « humanise » en réhaussant la ligne des phares tels de gros yeux aveugles. La composition verticale, par étagement, présente trois plans : les sols, les voitures, les lieux comme des décors en contre forme du véhicule : chantiers navals à Saint-Nazaire, immeuble du quartier Malakoff à Nantes par exemple.

Ce travail révèle un pan du « partage du sensible » (Jacques Rancière). Les photographies de Chimène Denneulin figurent en effet, à travers leurs voitures, ceux qu’on appelle les « hypermobiles » : présents dans les lieux publics mais quasiment absents de l’espace public, soit l’ensemble des discussions qui précèdent les choix collectifs.

l’exposition à la base d’Appui d’Entre-deux

Cette exposition est aussi une étape de réflexion du projet concernant la forme à donner pour sa diffusion en nombre, à la fois vers les salariés et le milieu culturel. Rencontres et discussions formeront le terrain de réflexion pour cette restitution aux « hypermobiles » et aux professionnels et amateurs de l’art contemporain.

biographie de l’artiste

Récemment installée à Nantes, Chimène Denneulin se définit comme artiste photographe. Elle réalise des portraits même quand ceux-ci dépassent la seule représentation humaine pour offrir le portrait d’une ville, un paysage, une architecture. Elle photographie ses sujets à travers un filtre culturel qu’elle s’est constitué, s’intéressant à la rigueur, à la densité de la sculpture minimale, au plan et à la couleur propres à la peinture.
Revenant sur des lieux où elle a vécu, Chimène Denneulin a réalisé des séries d’images de grandes villes comme Dakar, Bamako, Chicago ou San Francisco.
Chimène Denneulin a, entre autres, exposé  au musée d’art contemporain de Lyon, participé à +si affinités-Fiac, programme de résidences dans le Tarn, à la BF 15, galerie lyonnaise. Elle a également travaillé pour la direction de l’agriculture de Rhône-Alpes en photographiant des portraits de jeunes femmes dans les filières agricoles et des jardiniers. Nous vous invitons à lire le texte écrit par Marie de Brugerolle : « Chimène Denneulin, Maison des arts, Genas, 4-27 juin 2004 » in artpress, n°304, sept 2004, p.87.

contexte du projet

Les conditions économiques liées au travail et à l’habitat contraignent et entraînent des personnes à se déplacer quotidiennement et de manière significative.
Remarques sur le contexte du projet
Dans notre région, le choix s’est porté sur le site industriel des chantiers  navals à Saint-Nazaire. Ce choix est fondé doublement dans le cadre de la question de l’hypermobilité.

Le territoire de la région des Pays de la Loire est marqué par les chantiers navals constitutif de son passé maritime et industriel . Ce contexte est symbolique dans notre région tant au niveau historique, géographique que sociologique et reste d’une actualité forte et sensible.
Cette industrie, historiquement distribuée entre Nantes et Saint-Nazaire, s’est définitivement déplacée vers Saint-Nazaire lors de la fermeture des chantiers nantais en 1986. Ce moment de l’histoire des chantiers a entraîné un flux de travailleurs sur l’axe routier et ferroviaire entre les villes de Nantes et Saint-Nazaire. Un certain nombre de personnes ont choisi de rester habiter à Nantes et ses environs tout en conservant leur emploi à Saint-Nazaire.

Depuis moins de dix ans nous pouvons observer un contexte de nature différente : la flambée immobilière, phénomène général. S’il n’entraîne pas de particularisme régional, cette élévation des prix de l’immobilier a ajouté un deuxième degré de mobilité des actifs. A l’axe Nantes-Saint-Nazaire s’est superposé un éclatement des directions autour des pôles urbains (d’environ 30 kilomètres) qui traduisent les déplacements des personnes qui travaillent  vers le logement qu’ils ont les moyens de s’offrir. A ce titre, les chantiers navals de Saint-Nazaire reste exemplaire par l’ampleur du site et le nombre de travailleurs qui y sont attachés (soit directement, soit en sous traitance).

le rôle du témoignage photographique dans le développement industriel

La particularité de la photographie, à côté de la peinture ou de tout autre moyen artistique, concerne la multiplicité de ses usages et ce dans tous les domaines en plus de celui de l’art : journalisme, médecine, science, industrie… Sa capacité d’empreinte de la réalité lui a permis d’accompagner, par exemple, le développement de l’industrie tant au niveau des machines que de la production mais aussi du travail des hommes et des femmes. La photographie est un outil de mémoire de l’histoire industrielle elle constitue une bonne partie des fonds d’archives.
Avec ce projet sur l’hypermobilité, il s’agit de mettre en visibilité un problème de société sans analyse spécifique et technique (sociologique par exemple), préparer un champ de réflexions sur des questions qu’on ne peut se permettre d’ignorer.
Vous trouverez plus d’informations sur Chimène Denneulin en allant sur son dossier artistique en ligne.