Passagers / Pierre Huyghe

Photo : Stéphane Bellanger

13, 15 et 16 novembre 2001
dans le cadre du CIPAC (congrès interprofessionnel de l'art contemporain) à Nantes.

Contexte du projet

Pierre Huyghe s’est engagé à réaliser une œuvre pour l’association entre-deux dès sa constitution en 1996. Inscrit dans une programmation qui le situe après les interventions de Bruno Peinado, Matthieu Laurette, Robert Milin et Pierre Joseph, le projet de Pierre Huyghe s’est déroulé aux mêmes dates que le CIPAC (congrès interprofessionnel de l’art contemporain), les 15 et 16 novembre 2001. Il s’agissait d’un rapprochement intéressant : ce congrès s’intéressait notamment aux nouveaux territoires investis par les artistes et Pierre Huyghe est un de ceux qui a le plus contribué à élargir les pratiques des plasticiens en empruntant d’autres modes de production, en particulier ceux du cinéma.

le projet

Ici, Pierre Huyghe a invité, par l’entremise de l’association entre-deux, non seulement des personnes du « monde de l’art » mais aussi des habitants de Nantes et de Saint-Herblain à monter dans un car de tourisme pour effectuer un circuit passant à travers les quartiers construits dans les années soixante et les zones commerciales ; et en l’occurence l’ouest de Nantes à travers un circuit traversant les quartiers Dervallières et Bellevue et la zone commerciale Atlantis.

Ce circuit s’est effectué de nuit. A l’intérieur du car, les Passagers ont également pu voir une vidéo de ce même parcours filmé de jour. Cette œuvre donne au spectateur un inhabituel double regard : un regard direct (par les fenêtres du car) sur l’entrée ouest de Nantes en début de nuit, et, cette même entrée vue de jour, à travers le regard de Marie-Laure Viale, auteure de la vidéo (une habituée des lieux puisqu’elle habite Zola, travaille aux Dervallières et à Bellevue).

La vidéo a été tourné à une vitesse suffisamment lente pour permettre au car de prendre alternativement de l’avance ou du retard sur celle-ci. Ces actions provoquant autant de « rencontres » entre le paysage défilant sur l’écran vidéo et ce même paysage vu à travers les vitres du car.

Cette vidéo est diffusée sans aucun son. Le son éventuel est le fruit des discussions des Passagers du car. Ceux-ci, touristes extérieurs comme intérieurs à la ville, peuvent commenter autant la course poursuite entre paysage filmée et paysage réel que ce paysage lui même, fruit d’aménagements urbains suffisamment récents pour être encore modifiables.

Cette œuvre de Pierre Huyghe, à l’instar sans doute de son remake de Fenêtre sur cour, est emblématique de sa réflexion sur l’importance qu’il accorde aux chantiers comme aux zones urbaines en pleine mutation que sont les premières et aujourd’hui secondes voire troisièmes couronnes des grandes villes.